Verified
Comment vérifier rapidement et simplement une information trouvée sur le web? C’est à cette question que répond le livre Verified de Mike Caulfield et Sam Wineburg. Son grand mérite, c’est de s’attaquer à un angle mort de la vie en ligne. À coup d’injonctions, «on» nous dit qu’il ne faut pas relayer n’importe quoi, qu’il ne faut pas croire aux fake news, qu’il faut vérifier ses sources, etc. Il faut, il faut, il faut… Mais comment?
Les auteurs ont comparé les manières de procéder de différents groupes cibles. Dans un exemple du livre, aussi visible sur la page Evaluating Resources and Misinformation, ils se sont demandés pourquoi les résultats de ces groupes étaient si différents. Comment des professionnel·le·s de la vérification (fact checking) arrivent à des résultats fiables en quelques dizaines de secondes? Par contraste, des étudiant·e.s de Stanford et des historien·ne·s professionnel·le·s donnent de mauvais résultats en 5 minutes.
La méthode
Leur méthode s’appelle SIFT (traduction libre dans l’esprit de la méthode):
- Stop (arrête-toi avant de lire la page)
- Investigate the source (identifie et vérifie la source)
- Find better coverage (trouve d’autres informations et plus d’articles sur le sujet)
- Trace claims, quotes and media to the original context (remonte aux origines et replace les choses dans leurs contextes)
Avant de commencer à lire une page, il convient de s’arrêter. C’est le stop. Il ne sert à rien de se demander si ce qui est dit sur la page est vrai ou non. Il faut d’abord se demander où l’on se trouve, qui parle. Cela paraît basique, mais c’est si facile de ne pas le faire et de tomber immédiatement dans l’émotionnel.
Puis, il vaut la peine d’ouvrir d’autres onglets de navigateur et d’effectuer une recherche sur cette source. Le conseil des auteurs, c’est de ne surtout pas perdre son temps à lire la présentation du site par lui-même. Ils appellent cette pratique le lateral reading. Là encore, ça semble basique, mais c’est si tentant de ne pas chercher ailleurs et de se perdre sur le site lui-même.
Puis, si nécessaire, on peut poursuivre ses investigations, remonter aux sources primaires, etc.
Je n’en dis pas plus, car l’essentiel est là. C’est suffisant dans la grande majorité des cas.
Outils
Pour ces investigations, 2 sources majeures sont utiles.
Wikipédia permet très rapidement de trouver le positionnement d’un média, le statut d’une association, le profil d’une personnalité. Comme l’encyclopédie en ligne est très bien sourcée, il vaut la peine de passer très rapidement aux notes de bas de page.
Et pour l’actualité, une simple recherche dans Google est très efficace. À condition de ne pas s’arrêter au premier résultat, les résultats du moteur de recherche (SERP) permettent d’avoir un indice immédiat de la validité d’une information.
Une fois encore, c’est si simple que ça paraît idiot. Mais nous savons toutes et tous qu’il est tentant de se demander si une information paraît crédible avant de s’interroger sur la crédibilité de la source elle-même.
Et la suite du livre?
Ce que je vous ai dit là tient dans les 30 premières pages du bouquin. La majorité des internautes n’a pas besoin de plus pour améliorer drastiquement la vérification des faits.
La lecture de 200 pages supplémentaires n’est pas indispensable pour une pratique courante du web. Toute la suite est un approfondissement de ces considérations et de démarches. On y trouve, notamment:
- un chapitre sur les indices de crédibilité trompeurs (marques, acronymes, logos, etc.)
- un chapitre sur Google et un autre sur Wikipédia
- un chapitre sur le lateral reading (utiliser le web pour lire le web)
- un chapitre sur la question des sources académiques
- un chapitre sur les vidéos
C’est un ouvrage que je recommande pour toutes les personnes qui doivent en former d’autres à la pratique du web. Je ne saurais trop le suggérer aux enseignant·e·s qui pourraient transmettre de bonnes méthodes aux élèves. Et c’est une excellente référence pour les professionnel·le·s du web et de de l’information.