Sur la mécanique du texte
Ces dernières semaines, j’ai lu beaucoup de contenus sur le texte et les formats de texte. J’en ai profité pour relire La mécanique du texte de Thierry Crouzet. J’y ai trouvé au moins autant d’intérêt qu’à sa première lecture il y a quelques années. Le propos toujours aussi pertinent. Les années ont passé, les outils ont changé, mais le fond reste.
La thèse de Thierry Crouzet est claire dès la quatrième de couverture:
Un même auteur, avec des outils différents, écrit différemment!
C’est quelque chose que j’observe aussi chez moi. Lorsque je publie une page web dans WordPress, je passe très vite à la mise en page. Notamment parce que l’éditeur montre (plus ou moins bien) comment le texte apparaîtra sur le site. C’est le «modèle Word».
Quand je rédige en Markdown, je me concentre beaucoup plus sur le fond. Je vois un texte complètement indépendant de son apparence finale. Comme je travaille avec 2 écrans, je peux disposer d’un navigateur ouvert en tout temps pour faciliter l’insertion de liens. Avec comme résultat de proposer plus facilement des liens dans le corps du texte quand je rédige ainsi.
Avec Hugo, je peux, si je le souhaite, réunir les 2 mondes. Je peux écrire dans un éditeur de texte et visualiser le site final en temps réel.
J’utilise l’éditeur de texte VS Code. Je dispose toujours de l’ensemble des sources du site dans la barre latérale et la recherche porte sur tous ces fichiers. Cela signifie que je vais plus facilement consulter des contenus dans mes propres publications qu’avec WordPress ou un traitement de texte «à la Word». Je peux aussi faire des modifications par lots, par exemple pour unifier des contenus.
Mon clavier est mécanique. Je frappe avec un autre rythme qu’avec un clavier classique. La vitesse de frappe et sa qualité changent fatalement les phrases. Moins de coquilles à la frappe, c’est plus de fluidité dans la rédaction. Et la possibilité de produire plus rapidement des contenus au fil des idées. Avec aussi le risque de la paresse de ne pas relire mes notes…
Thierry Crouzet développe tout cela durant presque 150 pages. Celles et ceux qui s’intéressent au sujet auront tout intérêt à le lire attentivement.
Ce qui m’interpelle vraiment, c’est que le sujet des conditions de production du texte me semble peu abordé. J’ai l’impression que les réflexions des spécialistes comme Arthur Perret sont peu reprises en dehors de cercles très précis. Je n’ai jamais vu, par exemple, de cours ou séminaires en théologie sur les outils informatiques, les formats de fichiers, les système de gestion de révisions, etc.
Je n’ai pas l’impression non plus que les administrations incitent beaucoup à réfléchir sur le sujet et à adapter leurs outils. Les secrétaires continuent généralement de passer des heures sur des mauvais clavier Dell ou HP livrés par défaut, de se limiter à un seul écran, d’avoir une souris médiocre. Elles et ils continuent à produire des rapports structurés dans Word, sans séparer sérieusement le fond de la forme.
Je n’écris pas ces lignes pour pousser quiconque à changer d’outils. Mais seulement pour dire que d’autres possibles existent. J’ai conscience qu’il y aun coût de changement, mais au vu des heures passées devant un ordinateur de nos jours, cela peut être très intéressant.
Bien entendu, il faudrait continuer les réflexions de La mécanique du texte avec les intelligences artificielles ou la reconnaissance vocale. Parce que là aussi, tout change.
Je serais reconnaissant de recevoir des retours d’étudiant·e actuel·le·s:
- Utilisez-vous un éditeur de texte (et non seulement un traitement de texte)? Si oui, lequel?
- Utilisez-vous un balisage léger (comme Markdown) pour la rédaction de travaux universitaires? Si oui, dans un éditeur de texte ou un logiciel dédié (comme iA Writer)?
- Utilisez-vous un système de gestion de révisions (comme Git)? Si oui, avec un site dédié (comme GitHub) ou seulement en local?
- Utilisez-vous du matériel particulier (clavier mécanique, clavier Bépo, souris spéciale, écrans multiples, etc.)?
J’aimerais aussi savoir si c’est un thème abordé dans vos études, que ce soit sous forme de cours, de séminaires ou de discussions entre collègues.